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Les actuaires et l’évaluation annuelle des réserves : Ce que vous devez savoir

L’évaluation actuarielle des réserves est effectuée par un actuaire et consiste à déterminer le montant que coûtera une police d’assurance à une compagnie d’assurance à un moment précis. Ce travail est habituellement effectué une fois par année et informe une compagnie d’assurance sur les montants d’argent nécessaires de mettre en réserve.

Ce blogue expliquera ce qu’est une réserve actuarielle et décrira son fonctionnement. Nous allons également inclure un résumé des différentes méthodes utilisées par les actuaires afin de déterminer le montant qui devra être retenu en réserve.

Premièrement, qu'est-ce qu'une réserve actuarielle?

Une réserve actuarielle est composée des provisions suivantes:

  • une provision pour le passif des sinistres, également appelée réserve pour sinistres ou provision pour sinistres non payés;
  • une provision pour le passif des primes;
  • et une provision pour autres passifs.

La provision pour le passif des sinistres fait référence aux montants mis de côté par l’assureur afin de pouvoir payer le coût futur des réclamations encourues ou rapportées lors ou avant la date d’évaluation. Ce blogue mettra l'accent sur cette provision. La provision pour le passif des primes estime le passif lié à la partie non acquise de la prime à condition que la police d’assurance ne soit pas expirée à la date de l’évaluation alors que la provision pour autres passifs de police correspond à toute autre provision liée à la police d’assurance, qui est généralement liée à certaines caractéristiques d’assurance telles que des accords de partage des bénéfices.   

La provision pour le passif des sinistres a deux composantes principales :

  • Provisions aux dossiers - ces réserves sont des estimations individuelles qui sont établies par des experts en sinistre pour des réclamations ouvertes et rapportées.
  • Provisions pour sinistres subis, mais non déclarés – Ces réserves sont calculées par l’actuaire et représentent les paiements futurs réclamations survenues, mais pas encore rapportées. Elles incluent également les réserves pour réclamations ayant été rapportées qui excèdent les estimations établies par les experts en sinistre.

En quoi consiste l’évaluation actuarielle annuelle des réserves?

L’évaluation actuarielle annuelle des réserves est effectuée par l’actuaire pour une compagnie d’assurance et son objectif est de prédire le coût futur des réclamations. Nous décrivons ci-dessous, étape par étape, comment fonctionne son processus.

Désignation d’un actuaire

La loi qui régit les compagnies d’assurance au Canada (les compagnies d’assurance qui décident d’être réglementées sous la juridiction fédérale), la Loi sur les sociétés d’assurances, exige qu'un actuaire soit nommé par le conseil d'administration de la compagnie d'assurance.

L’actuaire désigné est alors tenu de soumettre son opinion actuarielle annuelle par rapport à l’évaluation du passif des polices de la compagnie d’assurance. Ce montant est alors reflété dans les états financiers vérifiés de l’entreprise.

Analyse des données et déterminations des provisions

L’actuaire émettra une lettre de requête des données à l’assureur. Ces données comprendront normalement une liste de tous les sinistres de la compagnie d’assurance avec les montants payés, les provisions aux dossiers et les dates des sinistres. De plus, pour effectuer l’évaluation actuarielle, l’actuaire doit comprendre s’il y a eu certains changements au niveau de la direction dans l’entreprise, au niveau des politiques de provisions aux dossiers ainsi qu’au niveau du plan d’affaires qui pourraient impacter le passif des sinistres.

L’actuaire analysera ensuite les données qui lui ont été fournies et utilisera des méthodes actuarielles pour projeter le coût futur des réclamations pour les polices souscrites par la compagnie d’assurance. C’est la partie la plus importante du processus. L’actuaire prendra également en compte la valeur temporelle de l’argent et des normes comptables et actuarielles applicables lors de l’analyse des données.

Il existe une variété de méthodologies qu’un actuaire peut utiliser pour son analyse. L’approche la plus courante consiste pour l’actuaire à examiner les tendances historiques découlant de sinistres semblables survenus dans le passé. Ceci implique d’analyser la manière dont :

  • les réclamations sont déclarées,
  • les paiements provisoires sont effectués,
  • les provisions aux dossiers sont fixées et ajustées,
  • les règlements définitifs sont conclus, et
  • les réclamations sont finalement fermées.

Pour chaque année d’assurance, les montants totaux payés et les provisions aux dossiers de tous les sinistres connus évolueront au fil du temps jusqu’à ce que les montants ultimes des sinistres soient finalement connus (c.-à-d. lorsque toutes les réclamations seront fermées).

Les pertes ultimes pour un groupe de réclamations afficheront une tendance au fil du temps connue sous le nom de facteur de tendance.

Même si les montants pour chaque année d’assurance émergent de manière unique, les méthodes actuarielles reposent sur l’hypothèse que, sous réserve d’un ajustement en fonction de l’inflation et d’autres tendances, l’émergence des réclamations futures sera semblable à celle des observations historiques.

En termes simples, les actuaires détermineront une opinion sur les réserves actuelles grâce à une modélisation des facteurs de tendance, de l’émergence des sinistres et des pertes futures prévues.

Différentes méthodes pour déterminer les estimations actuarielles sont décrites ci-dessous :

Méthode de développement des pertes payées et encourues

La méthode « Chain-Ladder » repose sur les changements relatifs aux pertes historiques d'une date d'évaluation à une autre. En d'autres termes, cette méthode examine l’émergence des sinistres travers le temps.

L’historique des réclamations est présenté sous une forme triangulaire permettant d’analyser l’émergence des réclamations au fil du temps. En utilisant les sommaires de pertes triangulaires, nous calculons des facteurs de développement, lesquels sont une mesure du changement d’une date d’évaluation à la date d’évaluation suivante.

Afin de nous assister dans la sélection des facteurs de développement, différentes moyennes sont calculées. La sélection finale se base sur le jugement de l’actuaire et sur la considération de la stabilité, la cohérence et la crédibilité des données.

La différence entre la méthode « Chain-ladder » sur une base payée et celle sur une base encourue provient des données utilisées pour calculer les facteurs de développement.

Sur une base payée, seulement les paiements sont revus aux différentes dates d’évaluation. L’avantage de cette méthode est qu’elle exclut l’information contenue dans les réserves aux dossiers, évitant ainsi les distorsions possibles résultant d’un changement interne sur comment les réserves sont estimées.

Cependant, si les réserves sont établies de manière cohérente, elles peuvent fournir de l’information pertinente et importante en ce qui concerne le développement des réclamations. Les facteurs de développement sélectionnés sont ensuite appliqués aux sinistres payés ou encourus afin d’obtenir une estimation des sinistres ultimes. Cette méthode évite toutes distorsions pouvant possiblement survenir en utilisant la méthode « Chain-ladder », plus précisément lorsque l’émergence des réclamations est incohérente ou lorsque de grandes réclamations surviennent.

Méthode des sinistres espérés

Cette méthode repose sur des données antérieures à l'expérience qui estiment les pertes à l'aide de diverses techniques, notamment ce que l'on appelle une approche « fréquence/sévérité » et une approche « ratio de sinistralité ». Une perte a priori peut faire référence au ratio de sinistralité projeté sur la base des données disponibles. Cela est essentiellement un point de départ pour estimer les pertes.

Selon l'approche ratio de sinistralité, un ratio de pertes ultimes projeté est estimé et appliqué à la prime acquise. Ce ratio de pertes ultimes projeté est déterminé à partir de l'analyse de tarification la plus récente ou d'une combinaison de ratios de pertes historiques et de jugement actuariel.

Dans l’approche fréquence/sévérité, un coût moyen par sinistre est sélectionné et le nombre de sinistres ultimes pour chaque année de police est estimé. Le produit du nombre de sinistres ultimes et du coût moyen par sinistre sélectionné par année de police est ensuite utilisé comme estimation des pertes ultimes.

Méthode Bornhuetter-Ferguson

La méthode Bornhuetter-Ferguson a été introduite en 1972 par Ron Bornhuetter et Ron Ferguson.

Cette méthode repose à la fois sur les facteurs de développement estimé dans la méthode « Chain-Ladder » ainsi que sur les estimations a priori des pertes ultimes. Alors que la méthode « Chain-Ladder » utilise l’émergence des pertes pour estimer les sinistres ultimes, les pertes a priori peuvent être estimées à l'aide de diverses méthodes, notamment l'approche fréquence/sévérité et l'approche du ratio de sinistralité, comme décrites ci-dessus.

Cette méthode est utile parce qu'elle évite les distorsions potentielles qui peuvent survenir lorsqu’il y a incohérence dans l'évolution des sinistres ou lors de pertes significatives aberrantes.

Méthode de l'émergence attendue

Cette méthode utilise les pertes encourues et la facteurs de développement des pertes sélectionnés pour déterminer les pertes attendues qui se produiront entre une date d'évaluation précédente et la date d'évaluation actuelle. valuation date.

L'émergence attendue est comparée à l'expérience réelle, et les pertes ultimes précédemment sélectionnées sont ensuite ajustées par la différence de l’émergence des sinistres pour calculer les pertes ultimes indiquées à ce jour.

L’actualisation

En raison du décalage entre le moment où les sinistres sont encourus, déclarés et finalement payés, la réserve actuarielle doit tenir compte de la valeur temporelle de l'argent.

Lorsqu'un assuré paie une prime pour une police d'assurance, une partie de l'argent sera allouée au paiement de sinistre futur. Ces fonds sont investis par la compagnie d'assurance, et le rendement des placements aide à couvrir les déboursés de sinistres futurs.

Si, par exemple, on s'attend à ce qu’un montant de 100 $ soit payé au cours des cinq prochaines années, il n'est pas nécessaire de mettre 100 $ de côté maintenant pour satisfaire cette obligation ou à ce passif, car, dans un programme entièrement financé, l'argent sera investi et des intérêts seront gagnés entre le moment où les fonds sont réservés et celui où les sinistres sont payés. La prise en compte de ces intérêts s'appelle l'actualisation.

Préparation du rapport

Un rapport complet, comprenant une opinion actuarielle qui est déterminée en utilisant les méthodologies mentionnées plus haut, est préparé par l'actuaire et ensuite fourni à la compagnie d'assurance. L'actuaire a également la responsabilité de présenter le sommaire de ce rapport et les conclusions au conseil d’administration sur une base annuelle.

Le rapport comprendra généralement les annexes supportant l’analyse et des informations utiles aux rapports comptables et financiers.

Il est important de noter que l’évaluation du passif des sinistres est un exercice complètement distinct de la détermination du montant de la prime à facturer. Ce processus est connu sous le nom de "tarification", et prend en compte un certain nombre d'éléments différents en plus des réserves.

Quelles sont les autres responsabilités d’un actuaire?

Le rapport annuel sur les provisions actuarielles n'est pas le seul service qu'un actuaire peut fournir à une compagnie d'assurance. Chez Axxima, notre équipe d'actuaires hautement qualifiés peut fournir une large gamme de services actuariels tels que :

  1. Évaluation trimestrielle du passif des polices
  2. Projections financières sur plusieurs années
  3. Tarification globale annuelle et tarification selon les risques (incluant expérience selon les antécédents)
  4. Étude de rétention pour les autoassurés
  5. Analyse de ratio cible de capitalisation et élaboration des politiques de surplus
  6. Analyses de la condition financière, y compris ORSA et ESF
  7. Séances de formation pour les conseils d'administration et les comités d'audit concernant les changements dans les lignes directrices des autorités, les normes comptables et les normes actuarielles.

Vous avez besoin des services d'un actuaire?

Prenez contact avec les actuaires professionnels d’Axxima pour tous vos besoins actuarielsNotre équipe d'actuaires hautement qualifiés est accréditée par l'Institut canadien des actuaires et est experte dans l'analyse des données, la prise en compte des statistiques et l’estimation des probabilités. Ce qui distingue vraiment les actuaires d'Axxima est leur capacité unique à présenter et vulgariser des résultats d'analyses complexes de manière simple et compréhensible. L'équipe d'actuaires d'Axxima offre un large éventail de services créatifs couvrant divers programmes d'assurance IARD.

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