Gouvernance des conseils d'administration - Partie 1 : Aperçu et tendances
Les conseils d’administration sont soumis à une pression croissante pour répondre à des défis commerciaux de plus en plus complexes. Entre les initiatives ESG (environnementales, sociales et de gouvernance), les cybermenaces, le bien-être des employés et l’éthique de l’intelligence artificielle (IA), les enjeux auxquels ils font face n’ont jamais été aussi dynamiques.
Une gouvernance solide est le fondement qui permet aux entreprises de réagir avec agilité, transparence et responsabilité. Sans elle, les objectifs stratégiques sont compromis, la confiance s’érode et la valeur se perd.
Pour les investisseurs, les employés et les clients, la gouvernance est (ou du moins, devrait être) au premier plan.
Cet article offre un aperçu global de la gouvernance d’entreprise et explore les tendances clés qui façonnent les conseils d’administration aujourd’hui.
Qu’est-ce que la gouvernance d’entreprise ?
Selon « Governance Professionals of Canada »:
La gouvernance d’entreprise au Canada implique des mécanismes réglementaires et de marché, ainsi que la conciliation des rôles et relations entre les différentes parties prenantes d’une organisation et ses objectifs de gouvernance.
Plus simplement, la gouvernance d’entreprise désigne le cadre de règles, pratiques et processus par lequel un conseil d’administration veille à la réalisation des objectifs stratégiques d’une société.
Fondamentalement, elle définit comment les décisions sont prises au plus haut niveau d’une organisation et comment la performance est surveillée
Une bonne gouvernance implique : définir la direction stratégique, suivre la santé financière et respecter les obligations légales et éthiques.
Certaines responsabilités clés d’un conseil d’administration sont : définir la vision et les priorités stratégiques, superviser la performance financière et opérationnelle, ainsi que la gestion des risques.
5 Tendances clés en gouvernance d’entreprise
Alors que les attentes envers les conseils d’administration augmentent, les administrateurs et dirigeants doivent se tenir informés des dernières tendances de gestion pour rester efficaces. Voici cinq enjeux majeurs qui façonnent actuellement les agendas au Canada et dans le monde.
1. L’IA au service d’une bonne gouvernance
L’intelligence artificielle devient rapidement un outil incontournable pour les conseils d’administration.
En 2024, Deloitte a interrogé près de 500 administrateurs et dirigeants dans 57 pays pour évaluer leur implication dans la gouvernance de l’IA. Malheureusement, 45 % des répondants ont indiqué que l’IA n’avait pas encore été abordée en conseil. Pourtant, lorsqu’elle est à l’ordre du jour, 46 % en discutent avec le conseil au complet.
De nombreux conseils réalisent qu’une stratégie efficace de gouvernance de l’IA doit être une priorité, surtout à mesure que cette technologie s’intègre aux opérations quotidiennes.
Les conseils doivent s’assurer que des systèmes de supervision sont en place pour gérer à la fois les opportunités et les risques liés à l’IA. Ils doivent examiner : la provenance des données, l’application des modèles d’IA, et l’alignement de ces usages avec les valeurs, responsabilités sociales et exigences de confidentialité de l’entreprise.
Comme pour la protection des données, la transparence est essentielle. Les parties prenantes doivent comprendre comment l’IA est utilisée et les risques qu’elle comporte, ce qui renforce la confiance et limite les préjudices potentiels.
2. Cultiver un environnement de travail psychologiquement sain
La culture d’entreprise relève de la responsabilité du conseil d’administration. Le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail souligne l’importance de la santé psychologique :
Une culture axée sur le bien-être améliore la satisfaction et l’engagement des employés, ce qui favorise leur rétention et attire d’autres employés. Un environnement de travail solidaire soutient également les employés souffrant de troubles psychologiques comme l’anxiété ou la dépression.
Les cultures toxiques ont provoqué des scandales et des atteintes à la réputation dans divers secteurs. À l’inverse, un climat psychologiquement sain stimule la productivité, réduit le roulement d’employés et renforce la confiance des parties prenantes.
Les conseils d’administration sont de plus en plus tenus responsables de veiller à ce que les dirigeants favorisent un environnement inclusif, respectueux et sûr. En effet, le Code canadien du travail reconnaît d’ailleurs la santé psychologique comme une obligation patronale. Les Règlements sur la prévention du harcèlement et de la violence dans le lieu de travail imposent même aux employeurs sous réglementation fédérale d’évaluer les risques psychosociaux et d’élaborer des politiques de prévention de dommages psychologiques.
En fin de compte, un milieu de travail sain est à la fois une exigence morale et un avantage concurrentiel. La gouvernance joue un rôle clé pour y parvenir.
3. Incarner une marque éthique
L’éthique et la réputation sont désormais indissociables. Les consommateurs sont plus engagés socialement que jamais, et les investisseurs intègrent des critères ESG à leurs portefeuilles.
Les conseils d’administration doivent s’assurer que les valeurs affichées par l’entreprise correspondent à la réalité opérationnelle. Un décalage (comme prôner le leadership environnemental tout en pratiquant l’écoblanchiment) peut nuire irrémédiablement à la crédibilité de la marque.
La question à se poser : Notre marque inspire-t-elle confiance et reflète-t-elle les valeurs de nos parties prenantes ?
4. Lutter contre la cybercriminalité
La cybersécurité est désormais un enjeu de gouvernance majeur qui ne peut plus être délégué au service informatique. La fréquence et la gravité des cyberattaques augmentent, exposant les entreprises à des risques juridiques, financiers et réputationnels.
Les conseils doivent jouer un rôle actif dans la supervision des risques cyber, en veillant à ce que des cadres, ressources et plans de réponse adéquats soient en place. Cela inclut des breffages réguliers par les responsables de la sécurité de l’information, des tests des protocoles d’incident, et le maintien d’une expertise cyber au niveau du conseil.
Le centre canadien pour la cybersécurité a identifié les rançongiciels comme la principale menace pesant sur les infrastructures critiques du pays dans son évaluation nationale des cybermenaces 2025-2026. Il prédit :
Dans les deux prochaines années, les cybercriminels vont fort probablement intensifier leurs tactiques d’extorsion et perfectionner leurs méthodes pour forcer les victimes à payer tout en échappant aux autorités.
Les administrateurs doivent se demander : protégeons-nous suffisamment nos systèmes et ceux de notre écosystème ?
5. Construire une infrastructure de données robuste
Les données propulsent des décisions éclairées, et les choix non fondés sur des données sont voués à l’échec. Les conseils doivent donc investir dans une infrastructure capable de collecter, stocker, protéger et gouverner les données.
Le conseil canadien des affaires reconnaît que:
Sans exception, les entreprises canadiennes voient dans l’économie numérique une opportunité de croissance et de compétitivité mondiales. Les données les aident à optimiser leurs opérations, collaborer avec des partenaires et créer de la valeur pour leurs clients..
Une infrastructure solide exige des politiques de gouvernance claires, des capacités d’analyse robustes, et une définition précise des responsabilités (classification, contrôle d’accès, partage, et conformité aux lois canadiennes sur la protection des données).
À l’ère de la désinformation et des fuites de données, la confiance en les pratiques de données d’une entreprise devient un avantage concurrentiel. Les conseils d’administration doivent montrer l’exemple en prônant la transparence et en investissant dans la gouvernance des données.
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